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milk on the rocks
8 mars 2007

Sharko - Molecule, un nouvel album percutant

_MG_1752Sharko, c’est le nom du méchant dans un des épisodes de Columbo. C’est aussi le nom d’un groupe dont le dernier album, Molecule, encombre avec panache la platine de mon modeste deux pièces depuis près d’une semaine. Qu’importe si les temps sont drastiques. La concurrence reste sévère mais visiblement guère écrasante. Les Klaxons attendront, le Neon Bible des Arcade Fire et le nouveau Kaiser Chiefs également. Car ma petite stéréo d’étudiant n’accepte qu’un disque à la fois et priorité sera donc donnée aux plus vaillants. Or David Bartholomé et sa bande n’ont pas démérité. Sharko, combo belge abonné aux éternels « Meilleur espoir de... », arrache ici l’adoubement à grands coups de guitares saignantes sur chaque épaule.

Molecule s’ouvre sur un Bug lunaire, cosmique, étouffant de sa mélancolie éthylique les premiers rayons du soleil qui percent sur les toits de Paris ce matin. Sur une partie musicale qui n’est pas sans rappeler l’un des morceaux du Debby de Damien Saez (non, pas de mauvais esprit s’il vous plaît...), Sharko se permet même un solo de batterie discret mais étourdissant. Je ne peux m’empêcher de songer au Hidden Camera Show de Tom McRae. Je ne peux aussi m’empêcher d’ouvrir les fenêtres à mesure que les titres défilent sur l’écran LCD. Car Molecule rendrait claustrophobe un sous-marinier russe en mission depuis des mois. Bartholomé, que l’on sait capable d’un humour mordant sur scène, n’y va pas de main morte et ne ménage pas nos petits cœurs fragiles près à rendre l’âme dès le deuxième titre, le déchirant Sweet Protection. Porté par la production placebonienne de Dimitri Tikovoï, le chanteur-bassiste nous fend les oreilles d’une douleur qu’on aura rarement connu aussi intense. On devine que, depuis quelques temps, le garçon n’a pas du manger que de la barbe à papa et des sucettes à l’anis. Sur le tubesque Motels, le riff s’amincit, visant à l’essentiel, et les lignes de basse s’épaississent dans la plus grande simplicité. J’en profite pour respirer à grands poumons le peu d’air que les trop nombreuses cigarettes cramées dans mon salon ont épargné. Sur Trip, les hostilités s’ouvrent sur une basse saturée entêtante, soutenue par une batterie sèche et précise, et le groupe se drape d’une sonorité résolument rock. Ca ne sent pas encore la bouffonnerie punk californien, mais ça flippe un peu moins et c’est déjà pas si mal.

J’aimerais m’attarder sur chacune des pépites dont regorge l’album, malheureusement, nous le savons que trop bien, les critiques musicales les plus longues sont toujours les plus chiantes. Je me contenterai donc d’ajouter que I need someone n’a rien à envier aux meilleures compos de Damien Rice, malgré les violons un peu trop pompiers à mon goût, que No More I Give Up dissone avec élégance et intelligence, que Sugarboy lorgne joliment du côté de Chokebore et de son génial leader Troy Von Balthazar, que Love is a bug, belle mélodie vintage nappée de saxophones éparses, donne envie de voler le phonographe de grand-papa pour y glisser un album de Ryan Adams, que Skish hee, I’m gonna make it fait légèrement pale figure comparé au reste de l’album, que Rock 1 est sublime de frustration, de rage contenue, et de concision, et que No Contest clôture Molecule sous des airs d’Arcade Fire dopé au prozac.

A l’heure des bilans, et puisqu’il faut toujours conclure, je laisserai le mot de la fin au principal intéressé qui, à propos de ses précédents albums, spécifie : “C’était davantage une maladresse ou une hystérie qu’un concept, les disques étaient bricolés parce que nous n’avions pas les bons outils et que je m’en foutais un peu. Je construisais mon armoire avec deux clous, elle était belle, mais pas forcément transportable.” Sur ce quatrième opus, Sharko enfonce définitivement les clous manquants. Parions alors que l’armoire ne devrait pas connaître de réels problèmes de transport ; quiconque voudra la démonter risque en revanche de s’y casser les doigts.

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Commentaires
S
J'ai vu Sharko en concert à la Flèche d'Or et ça tue. Sa musique prend vraiment toute sa dimension en live. Si tu en as l'occasion il ne faut donc pas hésiter un instant à le voir sur scène. Je parlerai d'ailleurs très bientôt des performances live de Sharko sur mon iste http://parlhot.over-blog.com<br /> A+
M
Tu as vu le concert... ça vaut le coup de les voir sur scène? Ils dégagent qqch? Le public est de quel genre?
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