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milk on the rocks
8 mars 2007

AzulOscuroCasiNegro - Comment va le cinéma espagnol?

18736926AzulOscuroCasiNegro. J’avais pourtant passé quinze minutes à tenter de mémoriser le titre, mais à l’entrée du MK2 Odéon, la mémoire flanche et je regarde désespérément l’ouvreur dans l’espoir qu’il pourra m’assister dans mes efforts intellectuels. Il est 14h30, et comme il n’y a qu’un seul film programmé à cet horaire, le gentil garçon n’hésite pas à me questionner : « Et c’est pour Azul, n’est-ce pas ?» Je hoche la tête, prend mon ticket et Marine par la main pour rejoindre la petite salle très ambiance rive gauche où la séance a déjà débuté. Les bandes-annonces sont particulièrement mauvaises cette semaine, celle du prochain François Ozon, Angel, en tête. Qu’importe, j’ai hate de découvrir ce premier film d’un jeune réalisateur espagnol : Daniel Sánchez Arévalo. 1h45 plus tard, la sentence doit tomber...

AzulOscuroCasiNegro est assurément un film prometteur, maladroit certes, mais pas dénué de talent. Voici en quelques mots pour le scénario : Jorge, malgré un master de gestion, a dû reprendre le travail de concierge de son père handicapé et s'occuper de lui à plein temps. Son frère aîné, Antonio, est en prison. Natalia, la fille qu'il aime depuis l'enfance, est revenue vivre dans l'immeuble. Son meilleur ami, Israël, passe son temps sur le toit à espionner les voisins découvrant ainsi que son propre père fréquente le salon de massages coquins d'en face. Tout bascule pour Jorge quand Antonio, sorti de prison, lui demande un étrange service : mettre enceinte, à sa place, Paula, sa petite amie restée en prison...

Servi par une distribution habile, une excellente galerie de second rôles (mention spéciale à Antonio de la Torre et Héctor Colomé), Sánchez Arévalo décrit avec justesse et modestie le malaise d’une Espagne populaire qui se cherche et s’interroge sur l’avenir résolument bouché qui s’offre à elle. Résignée, velléitaire, mais lunaire, cette Espagne des petits colle un sérieux cafard. Mais Sánchez Arévalo l’enrobe d’une tendresse bienveillante qui confère à AzulOscuroCasiNegro une indéniable force poétique, capable de faire surgir d’un ordinaire cotonneux quelques sommets d’absurdité délicate et touchante d’innocence et de naïveté. Ces grands enfants trouvent, dans la lâcheté viscérale de leur vie insipide, une éclatante tolérance, dans une Espagne encore déchirée entre traditionalisme et modernisme, conservatisme et jeunisme. Sánchez Arévalo se garde bien de jeter la pierre et retire une à une les poutres logées dans l’œil de chacun de ses anti-héros. Pour autant, la croix reste lourde à porter et les chutes s’accumulent à mesure que le film avance. Et Sánchez Arévalo de s’écrouler lourdement dans le dernier quart d’heure particulièrement convenu. En effet, malgré un certain sens de la retenue, Sánchez Arévalo ne peut s’empêcher de plomber son film de quelques scènes, éparses (mal)heureusement, guimauves et gluantes à souhait; la faute à une mise en scène parfois tiquée, à un montage pénible et vulgaire, enfin à une bande son omniprésente et omnichiante.

Soyons patients donc, la réconciliation entre film d’auteur et soupe populaire ne sera pas pour cette fois encore. Mais réjouissons-nous d’un constat optimiste : le cinéma espagnol se porte bien. Visiblement mieux que son public ibérique.

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Commentaires
D
Vu le sujet, je m'attendais à autre chose et j'ai été déçue par le scénario un "tantinet" décousu. C'est à la limite de l'invraisemblable, dommage.
W
... merci pour ton point de vue. Je vais tout de même aller voir demain "Le dernier roi d'Ecosse" pour la modique somme de 3€50, mais je vais surveiller le film dont tu me parles. <br /> Je sais bien que Blood Diamond n'est pas un bon film, néanmoins, je m'efforce de donner un avis sur chaque film que je vois au cinéma. Par conséquent, celui-là en faisait partie ;) Je ne privilégie donc aucun film. Crois-moi, je souhaiterais voir le plus de bons films possibles, néanmoins, je suis rarement agréablement surpris en ce moment.
W
Critique intéressante où tu mets en avance avec pertinence les défauts de ce premier film, sans oublier de saluer toute la qualité qu'on en retire. Et amusant aussi que tu n'aies pas réussi à retenir le titre en entier. Ne parlant pas un mot d'espagnol ou presque, je t'avoue que je me suis contenté de "Bonjour, deux places pour Azul s'il vous plait" :)
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