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milk on the rocks
22 décembre 2006

Episode 1

      Bertrand Carthagène est une figure christique. Un héros nietzschéen aux pieds d’argile. Bertrand Carthagène se souvient parfois de ses après-midi gâchés dans le bureau de son père, un agrégé de lettres. Il a d’abord lu Maupassant. Et puis Rimbaud. C’était le temps des rêves adolescents, des fugues, des débats enflammés au petit troquet en face du lycée, des petits vols à l’étalage, comme ça, juste pour faire chier. Pour montrer sa différence. Il s’était taillé à l’opinel un petit bateau ivre sur l’avant-bras droit. Bertrand Carthagène avait finalement tombé le manuel du parti communiste pour monter sur scène. Des heures à jouer dans la grange de tante Lucie, près du bois de Limeyrac. Et puis, Bertrand s’était fatigué à la longue. Il avait demandé à son père ce qu’il pouvait faire de bien. Le professeur de lettres lui avait demandé de s’occuper de son prochain. Ca lui allait bien à Bertrand cette réponse, lui l’ancien petit utopiste. Il avait alors acheté des manuels de Biologie pour faire Médecine.

       En quatrième année, Bertrand a rencontré Henri., un drôle de connard qui assistait son père à la boucherie « Chez Sorin ». Entre deux coups de hachoir, Henri Sorin tapait de la grosse caisse de toutes ses forces chez son pote Jeannot. C’était toujours mieux que de trancher de la barbaque. Et Jeannot lui, il avait fait un peu de basse dans un groupe un peu merdique de country. Et puis Bertrand, il savait chanter quand il voulait bien. Alors Bertrand est rentré un matin d’une garde à l’hôpital Clemenceau avec une idée stupide. Il a même réveillé Jeannot qui n’était pas encore couché. Il est passé voir Henri à la boucherie et lui a demandé, devant son père, de laisser tomber les faux-filets et le saucisson. Il voulait monter un groupe de rock, Bertrand. Jeannot a dit que c’était toujours mieux que de retaper les chiottes de sa mère pour se payer son herbe. Mais Henri n’y croyait pas. Les steaks, c’était peut-être pas l’extase mais au moins, il mangeait de la bonne viande. Et que c’était toujours mieux que de ne rien manger du tout. Bertrand avait tout prévu, il avait même un nom pour son groupe : Leyrift.

      Les deux autres, ça les avait bien faire rire au début, mais ils avaient du se rendre à l’évidence : Bertrand Carthagène ne plaisantait pas. Il voulait même partir en Angleterre pour s’inspirer des aînés. Finalement, Henri avait plaqué Charlène. Il était passé la voir à la pharmacie où elle travaillait et l’avait embrassée sur la joue. « Je pars demain pour Bristol… J’y vais avec Bertrand et Jeannot… Je crois pas que je reviendrai. On va faire du rock et puis qui sait ? Peut-être qu’on deviendra célèbres… »

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Commentaires
S
c'est gentil, merci. Allez, je vais faire semblant de vous croire...
T
j'suis d'accord avec marc o !
M
Ah, c'est bien, tu nous fais des histoires à épisodes, excellente idée... y'a pas à dire, mec, t'écris vraiment bien:-)
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